Le reggaeman ivoirien, actuellement en tournée en Europe, nous livrait ses réflexions sur la situation ivoirienne qu’il continue de suivre avec attention. Surtout quand, dans la classe politique, tout le monde se concentre sur la prochaine élection.
Depuis ses débuts, Tiken Jah Fakoly commente l’actualité de son pays natal, la Côte d’Ivoire. Il l’a fait en chansons (on se souvient de ‘Nationalité’, ‘le Caméléon’, ‘le Balayeur balayé’ ou ‘Ma Côte d’Ivoire’ pour ne citer que ceux-là), mais aussi dans ses nombreuses prises de parole, que ce soit sur scène ou dans les médias.
Comme il l’avait fait en 2017, il a confié à PAM ses réflexions, tandis que les politiciens du pays se préparent déjà à la prochaine élection, la présidentielle ! Or le pays n’a jamais connu d’alternance pacifique depuis son indépendance. L’élection présidentielle de 2000 qui avait vu l’arrivée au pouvoir de Laurent Gbagbo dans un contexte de violences, puis celle de 2010 qui s’était terminée, après au bas mot 3000 morts, par l’accession d’Alassane Ouattara au pouvoir, ont durablement traumatisé les Ivoiriens. Les dernières élections municipales, émaillées de violences isolées, n’ont guère rassuré.
On peut déplorer que, dans une démocratie en construction, les citoyens finissent par craindre les élections. Surtout que les caciques politiques semblent n’en avoir pas fini avec les règlements de comptes qui, depuis désormais trente ans, pourrissent la vie politique du pays. Bédié, Ouattara, Gbagbo (libéré, mais toujours assigné à résidence à Belgique) ne semblent pas avoir renoncé, et Guillaume Soro (chef rebelle, puis Premier ministre sous Gbagbo, et enfin président de l’Assemblée nationale sous Ouattara) se tient en embuscade. Le jeu des alliances et mésalliances est relancé, mais il a des répercussions sur le pays, et sur les gens qui parfois sont prêts à se battre pour les éléphants au sommet du pays. Or, c’est bien connu, quand les éléphants se battent, les fourmis feraient mieux d’aller voir ailleurs… À croire que tout le monde a oublié les avertissements du reggaeman quand il chantait :
Allez dire aux hommes politiques
Qu’ils enlèvent nos noms dans leur business
On a tout compris
Allez dire aux hommes politiques
Qu’ils enlèvent nos noms dans leur business
On a tout compris
Ils nous utilisent comme des chameaux
Dans des conditions qu’on déplore
Ils nous mènent souvent en bateau
Vers des destinations qu’on ignore
Ils allument le feu, ils l’activent
Et après, ils viennent jouer aux pompiers
On a tout compris
(Mangercratie, 1997)
Retrouvez ici Tiken Jah qui commente ses nouvelles chansons et nous raconte la genèse de son nouvel album Le monde est chaud.